Une étude qui ne tranche rien

On n'y croyait plus, mais elle est parue. Et, cette fois, pas en catimini pour être aussitôt retirée, comme ce fut le cas en octobre dernier. Elle, c'est évidemment la fameuse étude « exhaustive et contradictoire » sur les agrocarburants que l'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, a été chargée de piloter suite au Grenelle de l'Environnement et aux fortes polémiques concernant le bilan environnemental de ces carburants issus des grandes cultures. On s'en souvient, elle a connu bien des déboires, reportée deux fois, publiée puis retirée, tant la contestation de certains experts du comité technique était forte (Lire notre article).

Le rapport a donc été retravaillé, les émissions imputées aux carburants fossiles révisées à la baisse, comme l'exigeait Total, le paramètre « changement d'affectation de sols » approfondi, comme le réclamaient les associations participantes (France Nature Environnement et Réseau Action Climat).

Alors, que dit cette étude sur « les analyses de cycle de vie appliquées aux biocarburants de première génération consommés en France » ? D'abord que les agrocarburants ont moins d'impact que les carburants pétroliers sur le climat, si l'on s'en tient aux critères stricts de l'analyse de cycle de vie. C'est évidemment la seule partie reprise par les industriels du secteur, qui se frottent les mains. Ensuite, que ce bilan favorable peut s'inverser et devenir négatif pour les agrocarburants dès qu'on prend en compte le changement d'affectation des sols (qu'il soit direct, si on transforme une forêt ou des prairies en culture, ou indirect, si la culture cesse d'être alimentaire pour produire des carburants). C'est bien entendu la partie reprise par les associations environnementales. Au final, donc, un bilan qui ne justifie guère que les agrocarburants continuent à bénéficier du soutien financier de l'État.