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Assurance emprunteur

Le marché pourrait bientôt s’ouvrir

Nouvelle étape dans l’épais dossier de l’assurance emprunteur : l’Assemblée nationale a adopté le 29 septembre 2016 un amendement consacrant le droit de résiliation annuelle. Le texte doit maintenant être examiné par le Sénat.

Le très long feuilleton de l’assurance emprunteur pourrait enfin trouver un épilogue heureux avec le vote par l’Assemblée nationale de l’article 29 bis B du projet de loi Sapin 2, issu d’un amendement adopté en commission des finances et confirmé par la commission des lois à l’unanimité une semaine avant. Cet article consacre le droit de résiliation annuelle de l’assurance emprunteur. L’avantage pour les consommateurs serait de pouvoir enfin faire jouer la concurrence sur un terrain traditionnellement verrouillé par les banquiers. Rappelons que malgré plusieurs lois destinées à donner la possibilité aux consommateurs de choisir librement leur assurance lorsqu’ils souscrivent un prêt immobilier, les banques ont jusqu’ici toujours réussi à trouver la parade. En pratique, le nombre de dossiers de demande de substitution présentés aux banquiers est ainsi paradoxalement en baisse ces dernières années. Plus globalement, la part des assurances alternatives stagne à 20 %.

Un long combat

Le texte, déposé dans le cadre de la loi sur la transparence de la vie économique, dite loi Sapin 2, entend lever définitivement toute ambiguïté en imposant le droit de résiliation annuelle… à tout moment ! Cette position se situe d’ailleurs dans le droit fil de certaines décisions de justice récentes, notamment le jugement de la cour d’appel de Douai du 4 mai 2016. Cette dernière a ainsi déclaré que le droit de résiliation annuelle, inscrit à l’article L. 113-12 du code des assurances, s’applique bien en matière d’assurance emprunteur.

Pour l’UFC-Que Choisir, ce vote représente l’aboutissement de presque dix ans de lutte pour faire reconnaître ce droit. C’est en effet en 2007 que l’association a dénoncé pour la première fois les énormes marges des banquiers sur l’assurance emprunteur et réclamé l’ouverture du marché avec l’instauration d’un droit de résiliation annuelle. Pour les clients, cela se traduirait par un gain en termes de pouvoir d’achat de plusieurs milliers d’euros. Bien conscients de l’énorme enjeu financier, les bancassureurs ont systématiquement fait obstacle à l’adoption du droit de résiliation annuelle. Et soulevé nombre d’arguments, y compris que l’ouverture du marché serait générateur d’inégalités entre assurés ! Un argument étrangement repris à son compte par le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss) dans une lettre ouverte aux députés ! Pourtant, ce droit de résiliation permettra au droit à l’oubli pour les personnes malades d’être effectif. Pour un emprunteur qui devient éligible au droit à l’oubli en cours de prêt, la résiliation annuelle lui permettra ainsi de ne plus payer les surprimes liées à sa maladie passée (qui peuvent atteindre 300 % de la prime de base).

Le texte doit maintenant repasser, dans les semaines à venir, devant le Sénat.

Élisa Oudin

Élisa Oudin

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