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Changement d’heure

Validité douteuse pour la consultation

L’Assemblée nationale propose aux Français de donner leur avis sur la fin du changement d’heure suggérée par la Commission européenne. Mais les modalités pratiques de cette consultation entachent sa crédibilité.

Mise à jour du 4 mars 2019

Certains internautes nous ont alertés contre une faille supplémentaire de cette consultation, et nous avons vérifié l’information : on pouvait y voter depuis n’importe quel pays européen ! Raison de plus pour la déclarer nulle et non avenue. 

C’est un véritable plébiscite. 84 % des Européens sont favorables à l’abandon du changement d’heure et le pourcentage est identique pour les Français. Mise en place en 1976 dans l’objectif d’économiser l’énergie, la mesure a depuis montré ses limites. L’impact sur les dépenses énergétiques est modeste, voire illusoire. Côté inconvénients, même si les études ne montrent pas de conséquences importantes en termes de santé publique, beaucoup ont du mal à supporter ce décalage bisannuel qui dérègle leur rythme biologique et altère leur sommeil. Partant de ce constat d’échec, une proposition de directive émanant de la Commission européenne, qui doit encore être adoptée par le Parlement européen et le Conseil, met fin au changement d’heure dans l’ensemble de l’Union. Chaque État doit, d’ici au mois d’avril, notifier à la Commission son intention d’adopter l’heure d’été ou l’heure d’hiver. Selon plusieurs sondages, une large majorité des Français (les trois quarts environ) seraient favorables à l’heure d’été. Profiter de la lumière du jour plus longtemps le soir est un plaisir largement partagé. À l’inverse, les éleveurs sont fréquemment favorables à l’heure d’hiver, plus proche du cycle du soleil et des rythmes naturels de leurs animaux.

Chacun peut voter autant de fois qu’il veut !

L’Assemblée nationale a eu la bonne idée de mettre en ligne une consultation ouverte à tous jusqu’au dimanche 3 mars qui, si elle ne la contraint en rien, est supposée lui donner une idée de l’opinion des Français. Malheureusement, ses modalités dénotent un manque de professionnalisme criant qui nuit à sa crédibilité. Les questions sont, pour beaucoup, mal posées. Par exemple, il faut répondre sur une échelle de 1 à 10 sur l’importance qu’aurait pour le répondant d’une part le maintien du changement d’heure, d’autre part la fin du changement d’heure. En réalité il s’agit d’une seule et même question. Plus ennuyeux puisque le principe de la réforme semble acquis et que la décision centrale porte sur l’heure qui va être en vigueur toute l’année, la question sur ce sujet est entachée d’un biais flagrant. « À l’évidence, personne ne souhaite passer à UTC +0 qui n’a jamais été en vigueur en France, remarque Grégory Caret, directeur de l’Observatoire de la consommation de l’UFC-Que Choisir et spécialiste des sondages. Mais proposer cette option incite les répondants à préférer UTC +1 à UTC +2. C’est un biais bien connu : lorsqu’on propose trois options graduées, les gens ont tendance à sélectionner celle du milieu. » Mais il y a plus grave : l’Assemblée n’ayant mis en place aucun moyen de bloquer les connexions multiples depuis une même adresse IP, chacun peut voter autant de fois qu’il le souhaite, en ouvrant une fenêtre de navigation privée ou en changeant de navigateur, par exemple. Or, il existe des partisans acharnés de l’une ou l’autre option, tout à fait capables de « bourrer les urnes ». De quoi affecter sérieusement la validité de la consultation.

Quand un sondage comprend trois options graduées (ici sur le choix du fuseau horaire), les gens choisissent souvent celle du milieu.

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