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Couches pour bébés

Un rapport public confirme la présence de substances dangereuses

Saisie par le gouvernement sur la question de la sécurité des couches pour bébé, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a remis le 23 janvier 2019 son rapport. Conclusion, la présence de substances chimiques dangereuses a été mise en évidence. L’agence n’exclut pas, dans l’état actuel des connaissances, un possible risque sanitaire lié au port des couches jetables.

Les principales substances à risque dénoncées par le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sont deux parfums (butylphényl méthyle propional ou lilial® et hydroxyisohexyl 3-cyclohexène carboxaldéhyde ou lyral®), des HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques), PCB-DL (des polluants organiques persistants), dioxines et furanes. Les HAP, des dérivés du pétrole pour la plupart cancérogènes, peuvent notamment être générés pendant la fabrication des couches, lors d’une opération de chauffage (de colle par exemple) à température trop élevée. Les dioxines et PCB-DL peuvent, eux, provenir de certains traitements particuliers des matières premières utilisées pour les couches (par exemple, blanchiment des couches avec des dérivés chlorés). À noter que l’Anses pointe également la présence de résidus de pesticides, pourtant interdits à la vente, comme l’hexachlorobenzène ou le quintozène. Il s’agit dans ces cas très probablement de contamination involontaire de la matière première. Le rapport de l’Anses confirme nos analyses portant sur 12 couches bébé : du naphtalène et des résidus de glyphosate ont bien été retrouvés à l’état de traces dans les couches. Toutefois, au vu de leur concentration dans les couches, ces substances sont beaucoup moins problématiques que celles citées plus haut.

Le processus de fabrication en question

Ce sont principalement les procédés de fabrication, en particulier du plastique, qui posent problème. L’Anses précise en effet qu’« il est plus que probable que les contaminations observées en HAP et PCB proviennent des procédés de fabrication des couches eux-mêmes et non d’une contamination de la ressource qui a contribué à créer les matériaux ». Il faut par exemple savoir, comme nous le précisions dans notre enquête, que pour obtenir le plastique utilisé dans les couches, il faut recourir à ce que les chimistes appellent un catalyseur. Des résidus de ces catalyseurs peuvent se retrouver enfermés dans le plastique. En outre, les plastiques peuvent recevoir certains traitements (par exemple l’irradiation pour rendre la matière hydrophile) susceptibles de générer des résidus.

Mais les fabricants n’ont toujours pas l’obligation de préciser quels sont les catalyseurs et traitements chimiques auxquels ils recourent. Le rapport de l’Anses précise lui-même que « les auditions menées n’ont pas permis de connaître avec précision la nature des matériaux avec lesquels sont fabriquées les couches pour bébé à usage unique. Le même manque d’information a été constaté pour la description des auxiliaires de fabrication comme les colles par exemple, ou les substances ajoutées intentionnellement (parfums, encres, etc.) ».

L’une des premières mesures devrait ainsi être de rendre obligatoire l'information sur ces traitements. En attendant, les parents ont intérêt à préférer pour l’instant les couches sans parfum et contenant de la cellulose certifiée TCF (« Totally Chlorine Free ») ou les couches en tissu lavables.

Élisa Oudin

Élisa Oudin

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