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Gaz radioactif dans les maisons

Le radon sous-évalué

Le radon a beau être classé cancérogène depuis plus de 30 ans, la France a toujours fait comme si ce dangereux gaz radioactif s’arrêtait aux portes des logements. La réglementation évolue enfin, mais pas à la bonne saison !

Il est invisible, incolore, indétectable, et pourtant il constitue la deuxième cause de cancer du poumon en France. Certes, très loin derrière le tabac. Mais il cause 1 200 à 3 000 décès par an, qui pourraient être évités. Lui, c’est le radon, un gaz radioactif d’origine naturelle. Présent en particulier dans les sous-sols granitiques ou volcaniques, il peut s’infiltrer dans les maisons et y atteindre des teneurs dangereuses pour la santé des occupants.

La France sous-estime le risque depuis longtemps. Les analyses et les mesures correctives en cas de concentrations élevées ne concernent que des catégories d’établissements recevant du public, et dans 31 départements jugés prioritaires, selon les autorités. Cette liste et cette réglementation lacunaires suscitent bien des critiques de la part de la Criirad, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité, créée au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl, en 1986. Car son laboratoire d’analyses effectue de nombreuses mesures de radon, et il lui arrive de détecter des teneurs élevées dans des zones classées à potentiel de radon « faible », a priori sans risque. Plus grave, les habitations sont exclues de la surveillance, alors qu’on y passe en moyenne 67 % de son temps, sachant qu’on monte à 83 % pour les jeunes enfants et les retraités. Du coup, il s’agit d’un lieu d’exposition privilégié.

Un décret très attendu

Dès 1990, la Commission européenne avait émis des recommandations pour protéger la population des dangers de l’exposition au radon dans tous les bâtiments, y compris l’habitat. La France n’en a jamais tenu compte. Heureusement, la directive européenne Euratom, parue en janvier 2014, a fixé des échéances incontournables. Les États membres devaient s’y conformer dans un délai maximal de quatre ans. Le gouvernement aurait dû publier un nouveau décret radon au plus tard le 6 février 2018. Il vient seulement de paraître. Il abaisse le seuil acceptable de 400 à 300 becquerels de radon par mètre cube. Au-delà, des interventions seront indispensables. Surtout, les logements sont désormais concernés : le radon va faire partie des informations à transmettre lors des transactions immobilières, à la vente comme à la location. De même que le risque d’inondation ou d’avalanche, le niveau d’exposition de la commune au radon sera indiqué sur « l’état des servitudes risques et d’information sur les sols », le document qui remplace « l’état des risques naturels et technologiques » depuis le 1er janvier 2018. Un nouvel arrêté doit définir le zonage radon au niveau communal. Au total, 7 033 communes vont y figurer en catégorie 3, celle des zones à potentiel radon significatif, sans que cela soit vraiment satisfaisant. Une maison peut en effet accumuler du radon sans se trouver dans une commune à risque fort, et vice versa. Certains types de construction sont plus propices au radon que d’autres, quel que soit leur secteur.

Les mesures, c’est en automne et en hiver

Cependant, définir ou confirmer le risque si on a un doute sur la présence de ce gaz nécessite toujours des analyses. Or, celles-ci doivent impérativement se faire en automne et en hiver, les saisons où les teneurs des intérieurs en radon sont les plus élevées. Effectuer les mesures au printemps ou en été ne sert à rien, des résultats rassurants peuvent masquer une forte présence hivernale.

Que Choisir a donc décidé de ne pas traiter des problèmes du radon, des types de logements à risques et des remèdes adaptés dès maintenant, mais d’y revenir en détail en octobre prochain. C’est en effet le mois où doser ce gaz radioactif devient pertinent, à supposer qu’on ait des raisons de s’inquiéter. Quoi qu’on puisse lire ou entendre, il faut donc laisser passer l’été sans se faire trop de souci. En ce qui concerne les teneurs en radon, on entre dans la basse saison !

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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