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2007-2017 : la révolution smartphone

Il y a dix ans, l’iPhone débarquait en France. Avec son écran tactile et son interface intuitive, ce premier téléphone signé Apple a changé la face du mobile. Aujourd’hui, un quart de l’humanité possède un smartphone, et les appareils photo numériques, GPS, baladeurs MP3 et caméscopes sont au placard.

Rappelez-vous : en 2007, le téléphone mobile, « multimédia » depuis peu grâce à la photo et à la musique, se connectait doucement à Internet. Les « téléphones intelligents » d’alors, avec leur écran minuscule, leur clavier impraticable et leur ergonomie inspirée du PC, répondaient mal aux usages. Apple, qui avait déjà bouleversé l’informatique (avec l’Apple II, premier ordinateur grand public, en 1977) et la musique numérique (en 2001, il enterre le baladeur CD avec l’iPod), était donc attendu comme le… iMessie.

En présentant l’iPhone, en juin de la même année, aux États-Unis, la marque à la pomme n’a pas déçu. Cinq mois plus tard, les Français ont découvert ce téléphone sans clavier, au large écran totalement tactile et à l’interface intuitive. Dès janvier 2008, l’appareil s’installait dans le haut du classement des tests de smartphones de Que Choisir, pour ne plus le quitter (sauf en 2010, quand l’iPhone 4 souffrait d’un problème d’antenne). Dix ans et 16 modèles plus tard, l’iPhone 8, lancé en septembre dernier, décroche encore la 5e place (l’iPhone X, commercialisé début novembre, est en cours de test).

Victimes collatérales

Entre-temps, les autres fabricants se sont mis à la page et ont opté définitivement pour l’écran tactile et une interface simple. Google a imposé son système Android et sa boutique d’applications Google Playstore, sur le modèle de l’App Store d’Apple, lancée à l’été 2008. Un quart de l’humanité possède désormais un smartphone. Et, chez nous, les deux tiers des consommateurs l’ont adopté (pour les moins de 60 ans, la proportion grimpe à 4 sur 5). Avec leur smartphone, ils prennent des photos et des vidéos qu’ils publient en un clic sur les réseaux sociaux, écoutent de la musique, des podcasts, regardent la télé en direct, se font guider en voiture, téléchargent des jeux, réservent leurs billets de train, consultent la météo, leurs comptes bancaires et parfois même pilotent le chauffage de leur maison. Ce succès a fait des victimes. Appareils photo (compact, notamment), caméscopes, boîtiers GPS et baladeurs MP3 n’ont plus grâce aux yeux du public. Ils ont pris la direction du placard, près du baladeur CD. Budget, qualité des applications, simplicité des usages… le consommateur semble y trouver son compte.

Les appareils qui n’ont pas résisté aux smartphones.

Budget

La puissance ne coûte pas si cher

En 2017, la fourchette de prix pour un smartphone va de 100 à plus de 1 300 €. D’un côté, des appareils d’entrée de gamme très limités, de l’autre le gratin, puissants et ultraperfectionnés. Entre les deux, le cœur du marché s’est fixé autour de 300 €. Mais à ce tarif, il faudra faire des sacrifices : aucun des smartphones testés par Que Choisir ne décroche plus d’une étoile en photo, et l’autonomie est très variable d’un modèle à l’autre. Les seuls qui affichent de bons résultats sur tous les points (photo, vidéo, musique, performances générales, qualité de l’écran, etc.) sont des appareils assez haut de gamme, vendus 500 ou 600 €. Mais pas sûr que ce budget soit si déraisonnable quand il comprend un téléphone, un appareil photo, un caméscope, un baladeur musical et un GPS !

Ces dépenses que les smartphones vous épargnent.

Photo

Objectifs atteints

En 2006, Nokia fait encore référence dans le domaine de la téléphonie mobile. L’emblématique N95, avec son capteur photo 5 Mpx et ses 2 étoiles lors de nos tests de 2008, n’avait déjà plus rien à envier aux appareils photos compacts. En dix ans, la qualité des photos sur smartphone a fait un bond spectaculaire. Sur certains modèles, les fabricants ont intégré les technologies propres à la photo, comme la stabilisation optique, et le traitement logiciel s’est nettement amélioré. Plusieurs smartphones sont même équipés d’un double objectif, grand-angle et téléobjectif (Huawei P9, iPhone 7 Plus, Samsung Galaxy Note 8…). Près de la moitié des appareils photo testés par Que Choisir obtiennent la moyenne, et 17 % d’entre eux sont même bons sur ce critère. En 2015, nous avions testé l’appareil photo d’une dizaine de smartphones comme s’il s’agissait d’appareils photo compacts. Aucun n’avait démérité. Désormais, 85 % des photos numériques sont prises avec un smartphone, à peine plus de 10 % avec un appareil photo numérique ! Évidemment, les appareils reflex et hybrides restent les seuls capables de produire des clichés de haute qualité.

Caméscope

Il bat en retraite

Les distributeurs vendent encore quelques caméscopes numériques mais les consommateurs s’en détournent. L’institut d’études GfK, qui compile les tickets de caisse de tous les marchands, a compté 860 000 unités écoulées en 2006, 695 000 en 2011 et… 99 000 en 2016. Les smartphones les ont avantageusement remplacés, d’autant que la qualité des vidéos s’est largement améliorée. Les meilleurs peuvent filmer en ultra haute définition (3 840 x 2 160 pixels) et la haute définition (1 920 x 1 080) s’est banalisée. Si la vidéo est importante pour vous, c’est un minimum. Parallèlement, les action cams (Go Pro et consorts) ont trouvé grâce aux yeux des sportifs. Mais prenons le pari : dans dix ans, on les aura oubliées.

Télévision

Une poche de résistance

En 2007, la télévision sur mobile semblait futuriste. En 2017, la taille des écrans des smartphones, la qualité globale des réseaux mobiles (malgré de persistantes inégalités territoriales) et la disponibilité des programmes via des applications mobiles (MyTF1, 6Play, etc.) ont levé toutes les barrières techniques. Mais dans les faits, ni la TV ni les vidéos longues (films, séries) ne sont très regardées sur smartphone (10 %, selon le cabinet d’études Deloitte). Ordinateur portable et tablette tactile sont des concurrents plus sérieux pour le téléviseur. Le smartphone, lui, est apprécié pour les vidéos courtes, en lecture automatique le plus souvent, dont un quart des utilisateurs sont fans.

Navigation GPS

La route est dégagée

Les fabricants de boîtiers GPS ont senti le vent tourner il y a longtemps. Chahutés par les smartphones sur le plan matériel, les mastodontes du secteur ont aussi dû affronter la concurrence de services de guidage gratuits (Waze, par exemple) et l’émergence de la cartographie libre (Open Street Maps). Le premier d’entre eux, TomTom, vend aujourd’hui 3 millions de boîtiers par an alors qu’il en avait écoulé 14 millions en 2008. Et pour cause : sur iOS comme sur Android, qu’elles soient gratuites ou payantes, la grande majorité des applications de navigation conviennent bien à un usage occasionnel. Mais ces applications gourmandes en ressources exigent des smartphones performants (pour nos derniers tests, nous les avions installées sur iPhone 7 et Samsung Galaxy S7). Si votre smartphone est limité, un boîtier GPS tiendra mieux la route.

Musique

Victoire totale

La musique a vite trouvé sa place dans les smartphones. Et les services de streaming (Deezer, Spotify, Quobuz, Apple Music, Google Music, Youtube), qui représentent désormais plus de la moitié de la musique numérique (Source : Ifpi, 2016), ont renforcé la tendance. Lors de nos tests de smartphones en laboratoire, nous évaluons bien sûr cette fonction, de l’ergonomie à la qualité sonore avec les écouteurs d’origine, puis avec un casque de bonne qualité. Rares sont alors les appareils qui obtiennent moins de 2 étoiles. Les audiophiles exigeants s’offrent parfois un ampli DAC portable (200 € environ) pour améliorer la conversion du signal numérique (dans le smartphone) à l’analogique (dans le casque audio).

Jeux vidéo

Nintendo et Sony cèdent du terrain

Le smartphone a rebattu les cartes du jeu vidéo nomade. Jusqu’alors, Nintendo et Sony se partageaient le marché avec leurs consoles portables DS et PSP Portable (et leurs dérivés). L’écran tactile des smartphones et le téléchargement instantané de jeux depuis l’App Store et le Google Playstore ont donné des ailes aux éditeurs de jeux spécialisés dans le mobile, comme Gameloft ou Ketchapp (racheté depuis par Ubisoft). Les smartphones, de plus en plus puissants, gèrent désormais des graphismes élaborés. Aujourd’hui, les jeux représentent 51 % des téléchargements d’applications (même si les réseaux sociaux et la météo sont les plus utilisées, selon Médiamétrie). Ces jeux, en majorité gratuits, sont toutefois truffés de publicités… qui contribuent largement au modèle économique des éditeurs. Néanmoins, ils ne concurrencent pas directement les jeux sur PC et sur consoles de salon, qui conservent la faveur des joueurs passionnés.

Navigation Internet

David abat Goliath

2016 est une année charnière pour la navigation sur Internet : elle a vu, pour la première fois, le smartphone doubler l’ordinateur par le nombre de connexions quotidiennes au Web (24,3 contre 23,8 millions, selon Médiamétrie). Il y a quelques années, l’affichage pouvait laisser à désirer sur petit écran. Mais depuis 2015, la plupart des sites Internet s’adaptent automatiquement à la taille de l’écran. Cela dit, un écran d’ordinateur de 15 ou 17 pouces reste plus confortable pour naviguer.

Camille Gruhier

Camille Gruhier

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