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Lessive

Les fabricants condamnés pour entente

La Commission européenne vient de condamner les fabricants de lessives pour entente sur les prix et les quantités de produit dans leurs emballages, aux dépens des consommateurs.

L’Union européenne a infligé la semaine dernière une amende de 315 millions d’euros aux trois géants de la lessive. Sont sanctionnés l’américain Procter & Gamble, l’anglo-néerlandais Unilever et l’allemand Henkel, pour entente à la fois sur les prix et sur les quantités de lessive dans leurs emballages.

Cette entente a commencé en janvier 2002 et a duré jusqu’en mars 2005.

Fin décembre 2001, les trois groupes s’étaient réunis pour promouvoir des initiatives écologiques communes. Ce qui n’est pas répréhensible. Mais, dans le même temps, ils mettaient en place un cartel.

Par cet accord secret, les trois fabricants décidaient de vendre au même prix les paquets de lessive en poudre et les flacons de lessive liquide et, en même temps, ils s’accordaient pour réduire la contenance des emballages de leurs produits. Cette entente a duré 3 ans, aussi bien en France qu’en Allemagne, en Espagne, en Italie, en Belgique, en Grèce, au Portugal et aux Pays-Bas. Trois ans pendant lesquels les consommateurs n’avaient pratiquement aucune chance de trouver une différence de prix notable quand ils allaient acheter leur lessive préférée en grandes surfaces. Même les quantités de lessive dans les emballages, que ce soient les barils, les paquets ou les flacons pour les lessives liquides, étaient identiques. À eux trois, ces lessiviers trustent en effet la quasi-totalité du marché : le numéro 1 du secteur, l’américain Procter & Gamble, fabrique les marques Ariel, Dash, Bonux, Gama et Vizir. Le numéro 2, l’anglo-néerlandais Unilever, possède Skip, Omo et Persil. Quant à l’allemand Henkel, il est présent à travers les marques Le Chat, X-tra, Mir et Super-Croix.

Pas de réparation pour les consommateurs

Trois cent quinze millions d’amende, la sanction n’est pas très lourde comparée aux milliards de bénéfices engrangés par ces trois géants de la lessive durant les 3 années pendant lesquelles ils ont abusé les consommateurs. On pourrait dire que c’est presque une « prime » à la délinquance ! En effet, seuls Procter & Gamble et Unilever vont la supporter : 211 millions d’euros pour le premier et 104 millions pour le second. Henkel n’aura rien à payer, car le « troisième larron » a accepté de révéler les coulisses de l’entente aux autorités européennes. Et les deux autres ont vu leur amende réduite pour avoir choisi la procédure du règlement à l’amiable afin de bénéficier d’une amende allégée. C’est le règlement européen qui, depuis 2008, veut ça, afin d’accélérer les procédures.

Les amendes tombent dans les caisses de Bruxelles… Mais, pour les consommateurs, principales victimes de tels agissements, aucune réparation n’est à attendre. Certes, en mettant fin à de telles pratiques, Bruxelles renforce la concurrence, entraînant (peut-être ?) une baisse des prix profitable aux consommateurs. Sinon, « pas vu, pas pris », l’entente aurait pu durer longtemps, entretenant une concurrence artificielle et des prix élevés sur le marché des lessives. Pour les consommateurs, la solution pourrait passer par la reconnaissance de l’action de groupe… Jacques Chirac l’avait promise en France en 2005, mais elle se fait toujours attendre. Le gouvernement actuel n’en veut pas, le Medef non plus. Par sa seule existence, l’action de groupe dissuaderait pourtant les entreprises de se livrer à des pratiques qui faussent le jeu de la concurrence et engendrent des hausses abusives de prix.

Jean-Paul Geai

Jean-Paul Geai

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