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Mediator

L’État indemnisera une victime

Trois ans après avoir pointé la responsabilité de l’État pour n’avoir pas retiré du marché le Mediator (benfluorex) dès 1999, le tribunal administratif de Paris vient de fixer le montant qu’il devra verser à l’une des victimes.

Dans l’affaire du Mediator (benfluorex), les recours peuvent être amiables ou judiciaires. Devant les tribunaux, les avocats ont tenté plusieurs options. Et au final, la justice administrative n’était pas la plus mauvaise. Alors que le procès devant le tribunal correctionnel n’est toujours pas programmé, et que les résultats au tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre (Hauts-de-Seine) sont décevants, le tribunal administratif de Paris a rendu, le 10 octobre dernier, un jugement intéressant dans le cas d’une victime qui a pris du Mediator pendant plusieurs années, et qui en garde des séquelles. Il confirme la responsabilité de l’État déjà établie il y a 3 ans, et surtout, fixe le montant de l’indemnisation qu’il devra verser à 22 885 €. Conformément à une décision du conseil d’État, cette somme représente 30 % du total, les 70 % restant, soit quelque 53 400 €, revenant aux laboratoires Servier, jugés principaux responsables du maintien du médicament sur le marché. Au total, la victime recevra 76 283 € pour le préjudice qu’elle a subi et subit encore à cause du Mediator.

Cinq millions de personnes en France ont pris du Mediator, durant plus de 30 ans de commercialisation. Les laboratoires Servier vantaient auprès des médecins ses qualités dans le diabète, alors même que son efficacité dans cette indication était, au mieux, très faible. Des médecins en prescrivaient pour maigrir car, même si Servier s’en défendait – et s’en défend toujours –, l’appartenance du benfluorex, la molécule du Mediator, à la famille des anorexigènes comme l’Isoméride était bien connue. Or ces coupe-faim ont été retirés du marché en 1997 en raison de leurs effets secondaires graves. Pourquoi et comment le Mediator a-t-il échappé à la purge ? C’est ce que le procès pénal, devant le tribunal correctionnel de Paris, devra éclaircir. Mais l’ordonnance de renvoi met en évidence les efforts des laboratoires Servier pour camoufler la réalité, et l’incompétence de l’autorité du médicament, à l’époque l’Afssaps (1), qui a laissé faire.


(1) Qui depuis est devenue l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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