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Médicaments

La liste noire de Prescrire

Des médicaments d’utilisation courante font partie de la liste de « médicaments à écarter » mise à jour par la revue médicale Prescrire. Son directeur, Bruno Toussaint, pointe l’inertie des pouvoirs publics.

Cette année encore, pas de Pilule d’Or. La revue médicale indépendante Prescrire, qui passe en revue l’intérêt de tous les nouveaux médicaments, a estimé qu’en 2016, aucun d’entre eux ne méritait d’être distingué. C’était déjà le cas l’an dernier. Seules deux molécules indiquées dans le cancer ont été « citées au palmarès ».

À l’inverse, il reste encore sur le marché français 82 médicaments qui n’y ont pas leur place, en raison d’un rapport bénéfice-risque défavorable. En clair, ils sont plus dangereux que bénéfiques pour la santé. Sur cette liste noire, mise à jour pour la 5année consécutive, figurent bon nombre de produits courants. Comme la pseudoéphédrine, un décongestionnant qui entre dans la composition de beaucoup des médicaments contre le rhume vendus en automédication dans les pharmacies, qui expose à des troubles cardiovasculaires graves, notamment s’il est pris par des personnes déjà fragiles. Nous l’avions mentionné dans notre article sur les produits à ne surtout pas prendre pour soigner les petites pathologies de l’hiver. La dompéridone, la molécule du Motilium, parfois prescrit dans la gastroentérite, est également pointée du doigt, en raison de troubles du rythme cardiaque et de morts subites, alors même que le bénéfice dans le traitement de la maladie est très limité. En 2014 déjà, Prescrire mettait en garde contre la dompéridone. Les médicaments anti-Alzheimer, depuis longtemps décriés et dont l’intérêt médical est enfin officiellement reconnu comme « insuffisant » par la Haute autorité de santé (HAS), sont aussi en bonne place de ce palmarès du pire. L’intégralité de la liste des médicaments à écarter est consultable sur le site prescrire.org.

Encore un exemple récent avec l’Uvestérol D

Le directeur de Prescrire, Bruno Toussaint, a dénoncé, lors de la conférence accompagnant la publication de cette liste, l’inertie des pouvoirs publics. Il a notamment regretté qu’il faille systématiquement des morts pour que les médicaments dangereux soient retirés de la circulation. Le dernier exemple en date étant l’Uvestérol D, probablement impliqué dans le décès d’un nourrisson en décembre dernier. Et quand il n’y a pas de morts, les autorités se contentent de déremboursements, qui limitent l’usage mais n’entraînent pas le retrait du marché. Aujourd’hui encore, en dépit des nombreux scandales liés aux médicaments, l’action publique est largement insuffisante.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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