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Moteur Renault diesel 1.9 Dci

Renault condamné pour vice caché

Monté jusqu’en 2004 sur nombre de modèles Renault, le moteur Diesel 1.9 Dci a montré des défauts de fiabilité flagrants. Le constructeur a toujours minimisé le problème. Il vient d’être condamné à rembourser le véhicule d’un client pour vice caché.

« Le plus diffusé des moteurs turbo diesel de Renault n’est pas fiable », écrivait Que Choisir début 2006, fort de plusieurs dizaines de témoignages d’automobilistes victimes de défaillance du moteur 1.9 Dci équipant leur véhicule, aussi bien des Scénic que des Laguna, des Mégane que des Espace. À l’époque, Que Choisir avait pointé un vice de conception du moteur : les coussinets de bielle s’usaient prématurément, entraînant la casse du moteur, aux conséquences potentiellement dangereuses. Car un turbo qui rend l’âme, c’est un moteur qui perd soudain de sa puissance, puis s’emballe jusqu’au surrégime, sans qu’on puisse le stopper, avant finalement de casser. Des phénomènes qui peuvent placer le conducteur en fâcheuse posture, l’amener à mal réagir et à mettre sa sécurité en péril.

Saisi du problème, Renault minimisait le problème, niant tout risque de mise en danger des occupants, et refusait de procéder à un rappel. « Il est inutile d’alarmer les gens au sujet d’un problème qui ne relève que d’incidents mécaniques », nous affirmait alors la direction de la communication de Renault. Le constructeur préférait gérer les litiges au cas par cas. Deux notes techniques confidentielles à destination des concessionnaires et agents de la marque précisaient les opérations mécaniques pour corriger le défaut ainsi que la prise en charge des avaries. Interpellé, Renault nous précisait : « Nous acceptons de prendre en charge 80 % du montant des réparations sur les véhicules victimes d’une casse turbo entre 80 000 et 120 000 km ». De quoi agacer les clients pour qui un diesel se doit d’avaler sans coup férir plus de 200 000 km.

« Défaut courant sur ce genre de véhicule ! »

Propriétaire d’un Scénic II acheté d’occasion 9 200 € en 2008, Jean-Louis, un habitant de l’Isère, tombe en panne en janvier 2012, moteur 1.9 Dci cassé. Le dépanneur appelé sur place n’est pas surpris : « C’est un défaut courant sur ce genre de véhicule ! » Des propos qui amènent le propriétaire à se retourner contre le garage qui lui a vendu le véhicule. Mais pas plus ce dernier que Renault n’entendent prendre à leur charge la réparation qui dépasse les 5 000 €. Devant un tel refus, Jean-Louis décide de les assigner en justice pour vice caché. Après plusieurs années de procédure au cours desquelles les experts ont conclu que la panne était bien due à un défaut de qualité des coussinets de bielle, le tribunal de grande instance de Grenoble a reconnu que l’ensemble des conditions de la garantie des vices cachés étaient réunies et qu’il convenait de prononcer l’annulation de la vente. Renault a été condamné à rembourser le prix de la voiture (9 200 € contre sa restitution), augmenté de 400 € de dommages et intérêts (1). Renault n’a pas fait appel de la condamnation, ce qui confirme implicitement les faiblesses de son moteur Diesel 1.9 Dci et ouvre la voie à d’autres consommateurs qui seraient confrontés à pareille avarie sur leur véhicule.


(1) TGI de Grenoble, 4e ch. civ., n° RG 14/02109, 23 mai 2016
Jean-Paul Geai

Jean-Paul Geai

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