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Paiement mobile

Google entre dans la danse

Le tonitruant Google fait une arrivée timide, et tardive, dans le paiement mobile. Sa solution Google Pay, lancée le 11 décembre, arrive plus de deux ans après Apple Pay (réservé aux iPhone) et six bons mois après Samsung Pay (réservé aux smartphones Galaxy). Qui plus est, les grandes banques ne l’ont pas suivi : seules trois néobanques sont partenaires.

L’arrivée d’Apple Pay, en 2016, a donné le coup d’envoi en France du paiement sans contact mobile à grande échelle. Avec ce service, le smartphone remplace la carte bancaire lors des achats en magasin : il suffit de passer l’appareil devant le terminal de paiement du commerçant pour valider la transaction. Comme nous l’expliquions récemment (voir notre vidéo : Smartphones - Paiement accepté !), l’opération n’est pas plus risquée qu’un paiement sans contact par carte bancaire. On serait même tenté de dire qu’elle l’est moins : avec le paiement sans contact mobile, votre numéro de carte bancaire ne circule pas puisqu’il est systématiquement remplacé par un identifiant de transaction unique.

Pas d’authentification en dessous de 30 €

Si vous disposez d’un smartphone Android, vous pouvez désormais installer l’application Google Pay (disponible dans la boutique en ligne Google Playstore) et disposer d’un service similaire. Une fois renseigné votre numéro de carte bancaire, vous pourrez payer vos achats en magasin exactement comme avec une carte bancaire sans contact. À l’instar d’Apple Pay et Samsung Pay, les plafonds de paiements sont les mêmes que ceux de votre carte bancaire. Mais alors qu’Apple et Samsung exigent une authentification (code, empreinte digitale, reconnaissance faciale) pour toute transaction, quel que soit son montant, Google est moins strict : il n’est pas nécessaire de déverrouiller le smartphone, ni même de s’authentifier, pour les montants inférieurs à 30 €. Ceci augmente les risques de fraude. « Notre algorithme est capable de détecter un comportement anormal. Google Pay demandera alors à l’utilisateur de s’authentifier. Ce qu’il fait d’ailleurs systématiquement après plusieurs petites transactions », précise Florence Diss, responsable des partenariats Europe pour Google Pay.

Boursorama, N26, Revolut et… c’est tout

Contrairement à Apple et à Samsung, qui s’étaient lancés avec au moins deux ou trois grands réseaux bancaires, seules quelques néobanques ont répondu à l’appel, en l’occurrence Boursorama Banque, N26 et Revolut. Bien que la percée de ces banques d’un nouveau genre (au total, les néobanques ont conquis 4,4 millions de clients) (1) assoit leur potentiel, c’est peu : il faut être client de l’une de ces banques pour profiter du paiement mobile de Google. « Google Pay touchera sans doute le même public que ces banques, moins attaché aux banques historiques », poursuit Florence Diss.

Objectif : vendre de la pub !

Toucher un public nouveau est d’ailleurs précisément l’objectif de Google. Car avec Google Pay, le géant du Web poursuit la même stratégie qu’avec tous les autres services qu’il propose : affiner le profilage des utilisateurs afin de maximiser ses revenus publicitaires. Et il ne s’en cache pas. « Nous n’aurons jamais connaissance du contenu de votre panier, insiste Florence Diss. Mais l’adoption de services innovants en dit déjà beaucoup sur le profil. Et si l’utilisateur l’accepte, nous pourrons aussi lui envoyer des promotions ciblées en fonction de sa position. » Preuve que Google ne vise qu’à vendre de la pub : son service Google Pay est gratuit pour tout le monde. Pour les utilisateurs, mais aussi pour les commerçants et pour les banques. Apple et Samsung ont, eux, négocié avec leurs banques partenaires des commissions sur chaque transaction.

Cap sur les transactions en ligne

L’avenir de Google Pay ne se joue pas uniquement sur le paiement sans contact en boutique : la solution trouvera sans doute plus rapidement sa place en ligne, chez les e-commerçants, qui peuvent intégrer gratuitement un bouton « Payer avec Google Pay ». Amazon, Apple et Paypal, notamment, proposent déjà ce service. Concrètement, lorsqu’il finalise son panier, le client s’identifie avec son compte Google, Amazon ou Paypal et paye avec les moyens de paiement enregistrés sur ces comptes. L’intérêt ? Vous épargner la saisie du numéro de votre carte bancaire à chaque achat. Pour cela, vous devez autoriser qu’Amazon et les autres stockent votre numéro de carte, ce que nous déconseillons vivement pour éviter les fraudes à la carte bancaire.

Quand un site marchand propose l’un de ces boutons, vous payez avec les moyens de paiement enregistrés dans votre compte Amazon ou Google.

Paylib, la solution des banques

Les banques traditionnelles traînent des pieds pour intégrer les solutions de paiements mobiles d’Apple, Google et Samsung. La raison est simple : ensemble, elles ont lancé leur propre solution de paiement, Paylib. Comme Amazon Pay ou Google Pay, celle-ci permet de payer en ligne sans saisir son numéro de carte bancaire (lorsque le webmarchand propose cette option). Et depuis peu, Paylib est aussi disponible pour régler ses achats en magasin sans contact avec son smartphone. Banque populaire, Caisse d’épargne et les autres ont, chacune, développé leur propre application Paylib, à télécharger sur son smartphone. Mais pour l’instant, ces applications ne sont disponibles que sur Android.

Paylib sans contact est pour l’instant réservé aux smartphones Android.

(1) Source : Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, octobre 2018.

Camille Gruhier

Camille Gruhier

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