Vous et votre audition

La perte d’audition

La perte progressive de l’audition liée à l’âge (ou presbyacousie) se manifeste d’abord par la baisse de perception des sons les plus aigus, ce qui provoque des difficultés de compréhension de la parole, notamment en milieu bruyant. Au fil du temps, ce phénomène s’accentue et touche des sons de plus en plus graves. La baisse de l’acuité auditive progresse très lentement, sans qu’on en prenne conscience. Après 60 ans, une personne sur quatre souffre de presbyacousie gênante dans deux tiers des cas. Au-delà de 80 ans, les troubles auditifs concernent trois personnes sur cinq. Mais si tout le monde trouve normal de porter des lunettes à partir de la quarantaine pour remédier à la presbytie, il en va tout autrement pour les aides auditives. Alors que la France compte 6 millions de malentendants, à peine 17 % sont équipés de prothèses auditives. Comment expliquer un tel décalage ? Faut-il l’imputer au refus de vieillir comme on l’entend parfois ? En réalité, si les « papyboomers » renâclent aujourd’hui à s’équiper de prothèses auditives, c’est principalement en raison de leur coût exorbitant. 82 % de nos répondants désignent le prix des prothèses auditives comme le premier frein à l’appareillage. Viennent ensuite le manque d’efficacité des prothèses auditives (43 %) et la peur de « faire vieux » (43 %). L’inconfort généré par le port d’aides auditives (36 %) et leur aspect inesthétique (30 %) sont également mis en avant. Autant de bonnes ou de mauvaises raisons qui conduisent de nombreux malentendants à différer pendant plusieurs années la décision de s’appareiller. Pour une personne sur deux (49 %), il aura fallu l’incitation de l’entourage (famille, amis, collègues…) ou de professionnels de santé (conseil du médecin généraliste, de l’ORL, ou test gratuit chez l’audioprothésiste) pour qu’elle se décide à franchir le pas.

Le choix de l’audioprothésiste

À modèle équivalent, le prix des appareils auditifs varie d’une enseigne à l’autre. Outre le prix de l’audioprothèse, le tarif inclut aussi la prestation de services. Il est donc très important de consulter plusieurs audioprothésistes et de faire jouer la concurrence. Cette démarche est pourtant loin d’être la règle. 6 personnes sur 10 n’ont vu qu’un seul professionnel ! Pour le choisir, 20 % ont écouté les conseils de leurs proches ou de leur mutuelle. Dans 6 % des cas, la question ne s’est pas posée : les patients ont eu recours au seul professionnel installé dans leur localité. Enfin, dans 1 cas sur 2, ils se sont adressés à l’audioprothésiste que leur médecin ORL leur avait conseillé. Là encore, mieux vaut être vigilant. Les conseils des médecins ne sont pas toujours désintéressés. Une enquête de Surdi 13, une association de malentendants membre du Bucodes, a ainsi chiffré le montant des « cadeaux » offerts aux ORL par Audika et Amplifon. Le budget annuel que leur consacrent respectivement ces deux enseignes tournerait autour de 500 000 € et représenterait 0,55 % de leur chiffre d’affaires !

Le choix de l’appareil

Face à une clientèle souvent âgée et déstabilisée par un jargon hypertechnique, l’audioprothésiste peut avoir la tentation d’imposer l’achat d’un appareil coûteux qui ne correspond pas forcément aux besoins du patient. 80 % des répondants estiment toutefois que cela n’a pas été le cas et qu’ils ont bénéficié d’informations claires. Mais le fait que 27 % d’entre eux n’aient pas eu le choix entre plusieurs modèles peut jeter le doute sur l’objectivité de certains professionnels ! Il est également inadmissible que 12 % n’aient pas bénéficié d’une période d’essai de l’appareil avant l’achat comme le prévoit la règlementation. Malgré ces réserves, les audioprothésistes enregistrent des évaluations positives (7,8/10 pour la qualité des informations et les conseils, 8,2/10 pour sa disponibilité et la qualité de son écoute). Toutefois les évaluations sont plus mitigées quand la personne n’a pas vraiment eu le choix de l’appareillage.

Le prix

Sans surprise, les prix indiqués par nos abonnés pour un appareillage des deux oreilles tournent autour de 3 000 €. Ces chiffres confirment les études des pouvoirs publics (Sécurité sociale, Drees…). Les tarifs intègrent le prix de l’appareillage et celui des prestations indissociables (installation, réglages initiaux, et suivi tout au long de la durée de vie des prothèses). Le type d’appareil (contour d’oreille, contour à embout ouvert ou intra-auriculaire) n’a pas d’influence sur le prix. Les surcoûts par rapport au tarif moyen constaté dépendent principalement du nombre de canaux de réglage (+ 300 € si plus de 13 canaux), de la position T (+ 200 €) et du Bluetooth (+ 250 €). Enfin, il faut souligner l’importance de faire jouer la concurrence. Les personnes qui ont fait faire plusieurs devis ont vu au final leur facture diminuer de 100 €. Tandis que celles qui ont suivi les conseils de leur médecin ORL ont payé 150 € de plus !

L’appareil à l’usage

La durée d’utilisation des prothèses auditives est un signe indéniable de la réussite de l’appareillage. Les trois quart des répondants les portent plus de 6 heures par jour, voire en permanence. Pour les autres, l’utilisation de leurs aides auditives est plus épisodique : de 1 à 2 heures pour 4 %, voire moins souvent (6 %) ou même jamais (2 %). Principaux motifs d’insatisfaction évoqués par ces personnes : « le port des prothèses n’améliore pas beaucoup mon audition » ; « c’est plus gênant qu’autre chose » ; «  certains bruits sont difficiles à supporter » ; ou encore, « je ne suis pas satisfait des réglages de mon audioprothésiste ».

Certes, les aides auditives nécessitent une période d’adaptation et ne restaurent jamais complétement l’ouïe. Même si les technologies ont fait des progrès considérables durant ces dernières années, la science n’a jusqu’ici pas trouvé de solutions pour réparer ou remplacer les cellules sensorielles de l’oreille. Malgré les aides auditives, 38 % des répondants se trouvent confrontés à des situations d’écoute difficiles.

Au final, les évaluations de nos lecteurs sont très contrastées : la facilité d’utilisation des prothèses (8/10) et le confort de l’appareil (7,5/10) enregistrent de bons scores. En revanche, leur jugement sur l’amélioration de l’audition grâce à l’appareillage est plus mitigé (6,7/10) et surtout, le prix hérite d’un carton rouge !