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Rougeole

Non, le vaccin n’est pas à l’origine de l’autisme

Depuis la fraude d’Andrew Wakefield, qui a fait croire à un lien entre le vaccin contre la rougeole et l’autisme en trafiquant les dossiers d’une dizaine d’enfants, plusieurs études ont blanchi le vaccin. La dernière en date montre que même chez les enfants à risque d’autisme, la vaccination contre la rougeole n’a aucun rôle dans le déclenchement des troubles.

Plusieurs études ont déjà montré que le vaccin contre la rougeole n’était pour rien dans le déclenchement de l’autisme. La plus récente, publiée la semaine dernière dans la revue Annals of Internal Medicine, apporte un enseignement supplémentaire : même les enfants présentant des risques d’autisme, en raison des circonstances de la grossesse ou de leur naissance, ou parce qu’un frère ou une sœur a déjà reçu un diagnostic d’autisme, ne développent pas plus de troubles autistiques que les autres enfants quand ils se font vacciner contre la rougeole.

Pour en arriver à ce constat, les auteurs de l’étude ont extrait des registres de la population danoise les 657 461 enfants nés entre 1999 et 2010, puis ont constitué des groupes en fonction du risque d’autisme. Ils ont ensuite, pour chaque groupe et à plusieurs moments de l’enfance, comparé les diagnostics réels d’autisme des enfants vaccinés et des enfants non vaccinés. La période juste après la vaccination était regardée de près, les détracteurs du vaccin estimant que l’autisme se déclare « en grappe » à ce moment-là. Résultat, rien. Pas l’ombre d’un lien entre la vaccination et l’autisme, non seulement chez l’ensemble des enfants, mais également chez les enfants les plus à risque.

De quoi discréditer définitivement la théorie propagée en 1998 par Andrew Wakefield, qui prétendait avoir établi un lien de causalité entre le vaccin contre la rougeole et l’autisme. Et pour cause. Il avait en réalité faussé les données des dossiers utilisés pour sa démonstration, et fut radié, entre autres pour cette raison, de l’Ordre britannique des médecins. La méfiance envers le vaccin contre la rougeole perdure toutefois. Elle est d’autant plus étonnante qu’il s’agit d’un vaccin dit « vivant atténué », qui ne contient pas d’aluminium utilisé comme « booster » dans la grande majorité des autres vaccins. L’aluminium est traditionnellement accusé par les « antivax » de provoquer la myofasciite à macrophages, une maladie dont l’existence même fait débat.

En France, le vaccin contre la rougeole est administré depuis le début des années 80, en association avec celui contre la rubéole et celui contre les oreillons (ROR), à partir de l’âge d’un an, avec un rappel dans l’année qui suit. Comme dix autres vaccins, il est désormais obligatoire pour les nourrissons. Régulièrement, des foyers épidémiques apparaissent sur le territoire, notamment dans les communautés religieuses ou les départements où il existe une opposition de principe à la vaccination. Tout récemment, une flambée a été constatée parmi les saisonniers de la station de ski de Val-Thorens (73), alors que la saison hivernale battait son plein. Les autorités sanitaires ont dû publier des recommandations pour les touristes ayant prévu de séjourner sur place, l’idéal étant d’être vacciné. La rougeole peut nécessiter une hospitalisation. Elle est susceptible de laisser des séquelles voire, dans de rares cas, d’entraîner la mort. Les enfants de moins d’un an, qui ne sont pas encore vaccinés, et les personnes immunodéprimées, qui ne peuvent pas être immunisées, sont les plus exposées à la contagion et aux formes graves de la maladie.

Qui doit se faire vacciner contre la rougeole ?

  • Les personnes nées avant les années 80 n’ont pas de raison de se faire vacciner car elles ont, sinon fait la rougeole, du moins été en contact avec le virus qui circulait massivement à l’époque. Elles sont réputées immunisées.
  • Les personnes nées après les années 80 qui n’ont pas été vaccinées ou qui ne savent pas si elles ont été vaccinées (carnet de santé perdu) doivent recevoir les deux injections du schéma vaccinal si elles veulent être immunisées contre la rougeole.
  • Les personnes qui n’ont reçu que la première injection et qui veulent bénéficier d’une immunité maximale doivent reprendre la vaccination là où elle s’était arrêtée : elles reçoivent donc uniquement la 2e injection, même si la première est ancienne.
Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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