BILLET DE LA PRÉSIDENTE
"Malbouffe"

L'intérêt des consommateurs encore sacrifié ?

Il y a quelques mois de cela, je me réjouissais de la publication du rapport issu d’une commission d’enquête de  l’Assemblée nationale sur l’alimentation industrielle. Reprenant bon nombre de nos recommandations quant aux manières d’améliorer la qualité nutritionnelle de notre alimentation, ce rapport était d’autant plus notable qu’il provenait d’une collaboration transpartisane entre différents groupes de l’Assemblée. Mais après les réjouissances venait vite le temps des questions : cette abolition des frontières politiques le temps d’un rapport durerait-elle jusqu’à l’adoption d’une loi ? La réponse pourrait venir dès aujourd’hui avec l’examen en séance publique à l’Assemblée d’une proposition de loi sur la « malbouffe ».

Le président de la commission d’enquête, Loïc Prud’homme a en effet  repris quatre des propositions du rapport dans une proposition de loi discutée ce jour. Parmi celles-ci, l’encadrement du marketing alimentaire à destination du jeune public ainsi que la mise en place d’objectifs chiffrés et contraignants de réduction de sel, sucre et acides gras saturés pour les industriels de l’alimentation. Ces deux mesures font partie des combats de longue date de l’UFC-Que Choisir. A ce titre, je ne peux que me réjouir de cette tentative de légiférer….

Mais l’examen du texte en commission a un peu douché cette satisfaction, l’Union des forces au moment du rapport ayant volé en éclat en Commission. En effet, la majorité a déposé et voté une série d’amendements de suppression aboutissant à ce que la proposition de loi soit purement et simplement rejetée en commission ! Dans ce cas, la règle veut qu’en séance, soit discutée la proposition de loi initiale…

Si les espoirs sont bien maigres d’une adoption, il n’en reste pas moins que des voix au sein de la majorité se sont élevées… Des députés de la majorité proposent ainsi plusieurs amendements parmi lesquels figure notamment la réintroduction de la mise en place d’objectifs chiffrés de réduction de gras, sucre et acides gras par l’ANSES (en lieu et place de la DGAL que proposait Loïc Prud’homme initialement). En cas d’adoption, il s’agirait d’une réelle avancée vers des produits plus sains pour les consommateurs, et donc d’une vraie victoire.

D’autres amendements proposent de mettre le Nutri-Score au cœur des publicités pour améliorer l’information des consommateurs… Reste à savoir si ces dépôts sont de simples velléités, ou soulignent une réelle ambition fraîchement retrouvée de s’attaquer au sujet majeur de santé publique qu’est la malbouffe, source d’obésité et de diabète, fléaux sanitaires grandissants !

Bref, ce jour, je regarderai attentivement les débats en espérant que la cause des consommateurs avance réellement. Car mieux vaut ne pas avoir de loi plutôt qu’adopter un texte qui manque sa cible. A bon entendeur. 

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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