BILLET DE LA PRÉSIDENTE
Pêche durable

L'art de noyer le poisson

Notre récente enquête en grandes surfaces épinglant la durabilité des poissons a provoqué l’indignation du Comité national des pêches. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les arguments qu’il nous sert pour contester notre constat et nos analyses ne sont pas de première fraîcheur !

Il nous reproche tout d’abord le manque de représentativité de notre échantillon. Plus de 1000 magasins visités, ce n’est pourtant pas rien, et les trois espèces étudiées représentent 28 % des volumes de poissons sauvages consommés en France. Alors oui, c’est un échantillon et nous ne nous en sommes jamais cachés. Mais je maintiens qu’il est d’une taille suffisante pour être instructif !

Précisons par ailleurs que si nous avons établi que seulement un tiers des étiquettes sont conformes, cela ne veut pas dire que nous avons simplement tenu compte de celles-ci dans l’évaluation de la durabilité des poissons vendus. En effet, même quand la zone de pêche est trop vague pour savoir s’il était opportun de s’approvisionner à cet endroit, cela n’empêche pas de juger la méthode employée.

Mais au-delà de ces désaccords de méthode, c’est surtout sur une opposition de fond que je voudrais revenir. Le Comité national des pêches ne fait reposer son analyse de la durabilité que sur l’espèce ciblée et la zone de pêche. Ce qui lui permet ainsi d’affirmer que « le stock de sole en mer Celtique et Sud Irlande est exploité à un niveau durable selon le Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM), malgré des débarquements à 100 % issus du chalut ». Or, c’est faire dire au CIEM des choses qu’il ne dit pas… parce qu’on ne les lui demande pas !

Cette instance internationale, sur laquelle la Commission européenne se base pour définir les quotas de pêche, a pour mission de décider quelles espèces peuvent être pêchées dans quelles zones. En aucun cas il ne se prononce sur les méthodes de pêche. Or, certaines sont non-durables par nature, comme le chalut. Un stock en bonne santé, exploité plusieurs saisons selon des méthodes intensives non durables, sera rapidement en danger d’effondrement. C’est pourquoi notre analyse, réalisée avec l’appui d’un expert indépendant et à partir de sources scientifiques reconnues, repose sur les deux volets de la durabilité : zone et méthode.

Quant à moi, je vous souhaite de passer de joyeuses fêtes… et vous invite à suivre nos conseils pratiques, pour servir sur vos tables des poissons issus d’une pêche durable ! Bonne fin d’année.

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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