BILLET DE LA PRÉSIDENTE

Une chasse improbable aux lobbies

La démission surprise de Nicolas Hulot a produit pas mal d’ondes de choc. Elle n’est vraisemblablement pas étrangère à la chute de popularité d’Emmanuel Macron dans les sondages d’opinion, ou encore l’engouement suscité par la marche pour le climat du 8 septembre dernier. Cette démission pourrait-elle également provoquer une prise de conscience quant à la place des lobbies en politique et à leurs mauvaises pratiques ?

Dès lors que le lobby est transparent, d’abord basé sur des études, elles-mêmes transparentes, c’est-à-dire rendues publiques, soumises à la critique, et dont l’honnêteté est ainsi vérifiable, il relève de l’assistance à la prise de décision, et même concourt à un renforcement de la démocratie qui est rendue vivante par des relais d’opinions représentatifs de la société civile. Mais la réalité est bien loin de ce modèle. Les élus sont très souvent approchés dans l’ombre, hors la vue du public, avec des méthodes bien plus pernicieuses que la seule fourniture d’argumentaires. Et si ceux-ci sont fournis, combien sont dignes de foi ? Comme les consommateurs, les décideurs sont davantage soumis à du marketing qu’à de l’information pour se forger une opinion. Cette influence, discrète voire secrète et efficace est d’autant plus pernicieuse qu’elle est d’abord l’œuvre d’intérêts privés, catégoriels, peu soucieux de l’intérêt général… Un drame avec un personnel politique sans grandes convictions, spongieux et donc peu enclin à résister.

Certes la loi dite Sapin 2 du 9 septembre 2016 a mis en place un mécanisme de prévention et de traitement des conflits d’intérêts sous le contrôle de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), auprès de laquelle sont tenus de se déclarer les représentants d’intérêts. L’objectif ? Assurer la transparence des relations entre les membres du Gouvernement, parlementaires ou décideurs publics en relation avec ces représentants d’intérêts. Depuis la loi précitée, la HATVP est donc la gardienne de cette transparence. Elle n’est pas un garde-fou de l’hyperactivité des représentants d’intérêts. En outre, même cette simple obligation de transparence n’est pas respectée de tous. En témoigne la publication sur son site Internet de la liste des organismes n’ayant pas déclaré leur activité pour le deuxième semestre de 2017. Ce « naming & shaming », que l’on ne peut que saluer, a incité plusieurs des récalcitrants à (enfin !) jouer le jeu de la transparence, mais il parait bien dérisoire pour juguler un pouvoir d’influence démesuré.

Alain Bazot

Alain Bazot

Président de l'UFC-Que Choisir

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