CONSEILS
Médicament

Comment arrêter un médicament antireflux

Les médicaments antireflux ou inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) font partie des produits les plus utilisés. Ils diminuent l’acidité gastrique. Chez les personnes âgées, un traitement au long cours est souvent prescrit de façon excessive. Attention, ils ont des effets indésirables. En prenant quelques précautions, il est possible d’arrêter un IPP que l’on prend depuis plusieurs mois ou plusieurs années.

Quels sont les médicaments concernés ?

  • L’oméprazole : Mopral, Zoltum, génériques. 
  • L’ésoméprazole : Inexium, génériques. 
  • Le rabéprazole : Pariet, génériques.
  • Le pantoprazole : Eupantol, Inipomp, Pantozol Control, génériques. 
  • Le lansoprazole : Lanzor, Ogast, Ogastoro, génériques.

Pourquoi sont-ils indiqués ?

Les IPP sont indiqués dans le traitement du reflux gastro-­œsophagien (RGO), l’ulcère gastrique et duodénal ou encore la prévention des lésions gastriques dues aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) chez les personnes à risque (plus de 65 ans, antécédents d’ulcère, ­traitement par antiagrégant plaquettaire, anticoagulant ou corticoïde). La durée du traitement est de quatre à huit semaines, mais le cas de certaines personnes nécessite un traitement au long cours.

Sont-ils trop prescrits ?

D’après différentes études, les IPP sont largement ­surprescrits, notamment dans la population gériatrique. Chez les personnes âgées, le traitement par IPP est, dans bien des cas, systématiquement reconduit. « Le motif de prescription initial est très souvent inconnu et on observe des prescriptions au long cours sans indication précise », précisent les experts de l’Observatoire des médicaments Omédit de la région Centre. Alarmée, la Haute Autorité de santé a publié une fiche de bon usage de ces médicaments antireflux afin de limiter l’envolée de leurs prescriptions.

Particulièrement chez les personnes âgées, les IPP sont souvent prescrits à tort en cas de troubles digestifs fonctionnels sans RGO associé (inconfort, digestion difficile, douleurs, nausées, ballonnements, ­etc.).

Quels sont leurs effets indésirables ?

Les IPP ne sont pas des médicaments anodins. Un usage prolongé peut avoir des effets indésirables ­potentiellement graves : fractures ostéoporotiques, atteintes rénales, faible taux de magnésium dans le sang susceptible d’entraîner des troubles psychiques, troubles digestifs et même cardiaques, carence en vitamine B12, infections gastro-intestinales, pneumonies, etc. Une étude a même pointé une augmentation du risque de démence chez les plus de 75 ans prenant régulièrement ces médicaments. Enfin, les IPP peuvent perturber l’action d’autres médicaments.

Si vous n’avez pas ou plus besoin d’un IPP, autant l’arrêter car vous diminuerez ainsi les risques d’effets indésirables associés à ces traitements. Mais attention à l’effet rebond à l’arrêt du traitement.

Qu’est-ce que l’effet rebond ?

Si vous prenez un IPP depuis plusieurs mois, il est possible que vous ressentiez à l’arrêt du médicament un inconfort et des douleurs plus importantes qu’auparavant. L’acidité revient, parfois plus fortement. C’est ce que l’on appelle l’effet rebond, un inconvénient connu avec ces médicaments.

Cette augmentation de l’acidité gastrique est transitoire, en général d’une durée de quelques semaines.

Comment arrêter un IPP ?

Pour éviter cet effet rebond, il est conseillé de diminuer progressivement votre traitement. L’organisation indépendante de professionnels de santé Farmaka en Belgique propose un sevrage des IPP sur trois semaines au minimum.

En pratique. Vous pouvez, par exemple, diminuer la dose de votre IPP de moitié, puis le prendre un jour sur deux jusqu’à l’arrêt complet. Après le dernier comprimé, essayez de rester de deux à quatre semaines sans IPP pour laisser le temps à votre corps de se réhabituer à un fonctionnement normal.

Si vous ressentez un inconfort pendant le sevrage, un médicament antiacide (type Gaviscon, Rennie, Maalox, etc.) peut aussi vous aider.

N’oubliez pas les quelques règles hygiéno-­diététiques qui permettent de limiter l’acidité gastrique : éviter ­certains aliments, les repas trop copieux, l’alcool, le tabac, manger lentement, etc.

Dans le cas où vous n’arrivez pas à arrêter complètement votre médicament, essayez de le diminuer jusqu’à la plus petite dose efficace ou de le prendre uniquement en cas de besoin.

Joëlle Maraschin

Joëlle Maraschin

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