ENQUÊTE
Stages post-permis

S'améliorer en milieu contrôlé

Des sociétés privées proposent des stages de conduite post-permis aux conducteurs souhaitant poursuivre leur formation. Ils rappellent les messages de sécurité routière et apprennent aux conducteurs à mieux gérer, mais surtout à anticiper et éviter, les situations à risque. Reportage dans un de ces centres lors d’une session de perfectionnement à la conduite.

« Tourne à droite… Attention à la priorité… As-tu repéré le piéton sur le bord de la route ? » En ce jeudi 1er septembre, nous voilà revenus à l’auto-école. Enfin, presque. Au détour d’un virage, un ballon surgit devant notre capot. On pile. « Trop tard. Si c’était un enfant, tu l’aurais percuté », lâche Laurent, notre formateur de conduite d'un jour.

Nous sommes sur le circuit Beltoise Evolution, à Trappes (Yvelines), dans le cadre d’une session de perfectionnement à la conduite. Ces « stages post-permis », dispensés par Beltoise Evolution ou par le réseau Centaure (leader du secteur), visent à former des stagiaires aux thèmes de la vitesse, de l’alcool, de la fatigue et de la vigilance. Sur une journée ou deux, les fondements de la sécurité routière sont revus, ainsi que des rudiments de technique automobile. Ces leçons assimilées, les stagiaires prennent le volant pour des exercices pratiques : manœuvres d'évitement, simulation de conduite sur neige, freinage d'urgence, etc.

Les stages post-permis laissent sceptiques beaucoup de professionnels de la conduite, pour qui la sécurité routière passe par une évolution des mentalités et non par des formations sur circuit. « Nous sommes connotés "stages de pilotage" à cause de l'image de notre fondateur Jean-Pierre Beltoise, ancien pilote de F1, mais l’essentiel de notre activité tourne autour de la sécurité et de l’éco-conduite », corrige Marc Bodson, dirigeant de Beltoise Evolution. La journée de formation – dont un bon tiers en salle de cours – n'a pas lieu pied au plancher. Les tours de piste visent surtout à entraîner le stagiaire à anticiper, pour comprendre que la plupart des accidents sont évitables si les précautions nécessaires dans certaines circonstances présentant un risque potentiel sont bien appliquées. Cette méthode intitulée « Conduire juste », définie par Jean-Pierre Beltoise, repose sur les « piliers que sont l'observation, la prévision et l'anticipation. À la fin de la journée, rares sont les stagiaires qui sautent sur les freins ».

Beltoise forme 12 000 personnes chaque année, dont 99 % sont envoyées par leur entreprise – nous avons côtoyé des mécaniciens du groupe PSA et des gestionnaires du parc automobile d'Engie. « En analysant l'accidentologie des flottes de véhicules des grandes entreprises, nous parvenons à définir des programmes de formation adaptés et obtenons des résultats spectaculaires, assure Marc Bodson. En deux ou trois ans, nous pouvons réduire de moitié les sinistres chez nos clients ». L'impact global chez les personnes formées est, lui, impossible à évaluer. « Nous sommes sur des volumes trop faibles pour établir des statistiques », admet le dirigeant, qui espère néanmoins que les bonnes habitudes prises sur les véhicules de fonction seront d'autant plus mises en œuvre par les stagiaires dans leur véhicule personnel.

Si rares sont les stagiaires venus spontanément, c'est pour une question de coût – 415 € la journée – mais aussi « parce que personne n'estime avoir besoin d'un stage de perfectionnement ». Les résultats d'un questionnaire de présentation distribué au début de la formation montrent d'ailleurs que 95 % des sondés se considèrent bon conducteurs... Et autant pensent que les autres conducteurs sont mauvais ! Un paradoxe que nous avions observé lors de notre enquête sur l’état des routes.
Aujourd’hui, les particuliers qui passent l'entrée du circuit sont souvent des proches d'anciens stagiaires. « L'exemple typique est celui de la personne qui a bénéficié de ce stage grâce à sa société et qui l'offre pour un jeune de sa famille », observe le chef d'entreprise.

Pour Marc Bodson, le projet de rendre obligatoire un stage de sensibilisation au risque routier six mois après l'obtention du permis de conduire, comme cela est demandé par l'ensemble des acteurs du secteur, reste dans les cartons car il « renchérirait davantage encore le coût du permis ». Il est pourtant « communément accepté que ceci contribuerait significativement à l'amélioration de la sécurité de nos jeunes sur les routes, qui sont particulièrement exposés », assure-t-il.

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