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Papier cadeau

L’emballage en tissu, pas si vert

Sous prétexte d’éviter de jeter quantité de papier cadeau, des vendeurs d’emballages en tissu proposent leurs alternatives prétendument vertes. D’autres pistes antigaspi paraissent plus pertinentes.

« Chaque année à Noël, des montagnes de papiers cadeaux partent à la poubelle, trop rarement pour être recyclés à cause du plastique et des paillettes qu’ils contiennent. » Le communiqué de presse qui assène cette affirmation émane d’un vendeur d’emballages à base de tissu. Inspirées d’une technique japonaise de pliage et nouage du textile, le furoshiki, ces alternatives sont commercialisées depuis quelques années en France, notamment dans les boutiques de produits présentés comme écoresponsables. À première vue, cela ne fait pas de doute : ces articles réutilisables polluent bien moins que le papier que l’on jette inconsidérément après l’ouverture des paquets accumulés sous le sapin.

En y regardant de plus près, les bilans respectifs des deux options sont plus nuancés. D’abord, il est complètement faux de prétendre que les papiers cadeaux ne sont pas recyclés. Sous réserve, bien sûr, de s’en débarrasser dans la poubelle ad hoc (jaune, dans la plupart des communes), ils le sont en grande majorité. Dès lors que la matière est bien du papier, même d’aspect brillant, et même agrémenté de paillettes, le processus se déroule comme pour n’importe quelle feuille, enveloppe ou journal. Ce n’est que si l’emballage est composé de plastique (signe distinctif : il ne se déchire pas) que le recyclage est compromis. Un cas plutôt rare, donc (1).

Eau, pesticides et insecticides

De leur côté, les emballages en tissu présentent l’avantage de pouvoir être réemployés à l’envi. Pour autant, leur impact environnemental n’est pas négligeable. La culture du coton est gourmande en eau et en pesticides, celle de la soie nécessite des insecticides, ces deux matières premières sont majoritairement produites en Chine et en Inde. Quant à la fabrication des matières synthétiques, extraites du pétrole, elle rejette de grandes quantités de gaz à effet de serre. En outre, le tissage et la teinture sont sources de multiples pollutions de l’air et de l’eau. En résumé, l’industrie du textile menace l’environnement à bien des égards et même s’ils sont présentés comme des produits durables, les emballages cadeaux n’échappent pas, par nature, à ce constat.

On peut d’ailleurs faire le parallèle entre leur cas et celui des sacs en coton utilisés pour faire les courses. L’Agence de protection de l’environnement danoise avait comparé leur impact environnemental à celui des sacs jetables en papier ou plastique. Pour un usage unique, ils affichent un bilan bien pire, notamment parce qu’ils sont beaucoup plus lourds. C’est pourquoi les chercheurs ont calculé à partir de combien d’utilisations ils prennent l’avantage. Si l’on ne tient compte que de l’impact carbone, il faut s’en servir entre 100 et 150 fois, estimation qui rejoint celle menée par des scientifiques britanniques. Et si l’on élargit l’évaluation à d’autres types de pollutions (substances chimiques nocives dans l’eau et l’air par exemple), c’est, si l’on en croit les chercheurs danois, un total de… 20 000 usages qu’il faudrait cumuler !  

Même si ce chiffre n’est pas forcément applicable aux emballages en tissu, que l’on comparera plutôt au papier cadeau, il est certain qu’ils ne présentent un intérêt pour la planète que si on les réutilise de nombreuses fois. Pour s’en assurer, il faut choisir soigneusement le destinataire du cadeau et être sûr qu’il est pétri de convictions écologistes. Ou alors reprendre son carré de tissu une fois la surprise découverte, ce qui n’est pas très « esprit de Noël » !

Récup’ créative

Cela dit, le choix ne se résume pas à investir massivement dans des emballages textiles ou jeter 20 000 tonnes de papier tous les 25 décembre (2). L’option « imitons nos grands-mères qui avaient tout compris », à savoir déballer délicatement les présents pour conserver l’emballage qui pourra resservir, a le mérite de la simplicité. Mais elle déplaira aux impatients… et encore plus aux tout-petits. Plus original : la récup’ créative. On peut se fabriquer soi-même son furoshiki avec un foulard, des chutes d’une séance de couture, une nappe ou un drap déchirés mais dont certaines parties sont encore impeccables, etc. L’option du réemploi est encore plus simple avec le papier, par exemple celui avec lequel certains commerçants emballent les vêtements (papier de soie), d’anciennes cartes routières ou encore des journaux et magazines. Choisir un superbe paysage trouvé dans une revue de voyages pour une baroudeuse, la une de l’Équipe pour une fan de sport ou un tableau pioché dans un magazine culturel pour un amateur d’art : un petit clin d’œil qui fait aussi partie du cadeau.

(1) Il faut néanmoins le jeter dans la poubelle jaune, cela permet à Citeo, organisme chargé de gérer la fin de vie des emballages et papiers, de se faire une idée des volumes concernés et, le cas échéant, d’inciter les industriels du recyclage à développer des méthodes adaptées. 

(2) Estimation de Citeo.

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