ACTUALITÉ
Pouvoir d’achat (mars 2024)

L’inflation reflue lentement

Depuis quelques mois, les prix évoluent peu, à l’exception notable de l’électricité, qui encaisse la hausse des tarifs réglementés. L’alimentation revient à des niveaux plus habituels d’inflation. Espérons que les négociations commerciales entre les enseignes de la distribution et leurs fournisseurs, qui se sont achevées fin janvier, n’entraîneront pas de nouvelles augmentations en rayons dans les prochains mois.

Serait-ce enfin l’accalmie ? L’inflation globale mesurée par l’UFC-Que Choisir est de seulement 3,4 % en mars 2024 par rapport à mars 2023, son plus bas niveau depuis le début de la crise, en 2022.

Seul le poste électricité fait un nouveau bond de 20 %, lié à la hausse des tarifs réglementés en février. Les assurances et mutuelles santé affichent, elles aussi, une augmentation supérieure à la moyenne (7 %). Les autres postes reviennent à des inflations modérées, voire habituelles, tournant entre 1 et 3 %. Les prix des énergies issues des produits pétroliers (gaz, gazole, essence, fioul) enregistrent même un recul par rapport à l’an dernier.

Hausse modérée de l’alimentation dans les rayons

Les achats en grande surface subissent, quant à eux, une hausse de prix modérée de 3,3 % sur 1 an – la plus faible depuis que l’UFC-Que Choisir a lancé son indice, il y a 2 ans ‒ et ils refluent de 0,1 % d’un mois sur l’autre. Les marques de distributeurs (MDD) semblent amorcer un très léger recul, à -0,3 % sur 1 mois (mais tout de même +24 % depuis janvier 2022). Jusqu’à présent, elles étaient nettement plus inflationnistes que les marques nationales. Ces dernières affichent +0,1 % sur 1 mois (+18 % depuis janvier 2022), mais restent plus chères que les MDD.

Les négociations commerciales annuelles entre les distributeurs et leurs fournisseurs, qui se sont déroulées entre décembre et fin janvier (mi-janvier pour les PME) n’ont, à ce jour, pas provoqué de nouvelle poussée inflationniste concernant les produits de consommation courante (lire l’encadré). Fin mars, les tarifs en rayons s’avéraient stables, voire légèrement en baisse d’un mois sur l’autre pour plusieurs catégories d’aliments (produits laitiers, charcuterie, traiteur…).

Négociations commerciales : de la difficulté à les encadrer

Les négociations commerciales entre les distributeurs et leurs fournisseurs se déroulent chaque année de début décembre à fin février, date à laquelle tous les contrats de vente sont censés être bouclés. Encadrées par les lois Egalim (ou « lois pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous »), elles sont source de tensions : les distributeurs refusent bien souvent, au nom du pouvoir d’achat des consommateurs, les hausses que les fabricants tentent de faire passer au nom de la répercussion des coûts de production.

Cette année encore, les industriels n’ont pas eu gain de cause, le rapport de force n’étant pas en leur faveur face à une grande distribution hyper-concentrée. Or, refuser systématiquement leurs demandes fragilise le tissu industriel hexagonal. De plus, on peut se demander quel est le gain pour les consommateurs, qui n’ont pas bénéficié de recul des prix en grande surface.

Les gouvernements successifs ont tenté de fluidifier ces relations commerciales, en vain. En 2017, dès son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron lance les États généraux de l’alimentation, qui aboutissent à la loi Egalim 1, en 2018. Elle sera suivie de deux autres, Egalim 2 en 2021 et Egalim 3 (ou loi Descrozailles) en 2023. Il est aujourd’hui question de lancer une Egalim 4 afin de remédier aux failles des précédentes.

Le 13 mars, les députés Alexis Izard (Renaissance) et Anne-Laure Babault (Modem) annonçaient le lancement d’une mission, à la demande du gouvernement, destinée à proposer des orientations pour cette future loi. Ils pourront s’appuyer sur les travaux de deux collègues, les députés Aurélie Trouvé (LFI) et Frédéric Descrozailles (Renaissance), qui ont présenté le même jour un rapport parlementaire intitulé « Renforcer l’équilibre dans les relations commerciales entre fournisseurs et distributeurs ». Leurs conclusions ? Ces lois ne protègent pas les agriculteurs contre des prix non rémunérateurs, elles fragilisent les PME françaises et n’ont pas profité non plus au pouvoir d’achat des ménages ! En cause, la toute-puissance de la grande distribution, qui n’hésite pas à délocaliser ses achats à l’étranger pour s’affranchir des lois françaises, ainsi que l’opacité des négociations commerciales. Bref, il y a du pain sur la planche pour les législateurs…

Méthodologie

Que Choisir évalue le taux d’inflation mois par mois, à partir de ses propres observations. Pour près de 40 % des dépenses de consommation, nous disposons de données permettant d’évaluer des variations mensuelles de prix, basées sur nos relevés effectués en grandes surfaces (pour l’alimentation, la boisson et l’hygiène-beauté), ainsi que sur les offres tarifaires tirées de nos comparateurs de prix (énergie, carburants, mutuelles, forfaits mobiles, fournisseurs d’accès à Internet, assurances habitation, banques, équipements électroménagers). Chaque prix est ensuite pondéré par la fréquence d’achat et agrégé dans une moyenne générale.

Pour les autres postes de dépenses (loyer, dépenses de logement et de transport, hôtels et restauration, loisirs, habillement et santé), Que Choisir se réfère aux évaluations de l’Insee.

Attention : par convention, les variations de prix sur une période (par exemple pour le mois de mai 2023) sont calculées par rapport à la même période de l’année précédente (le mois de mai 2022). Ceci afin de s’affranchir des mouvements saisonniers des tarifs (par exemple ceux des fruits et légumes, très dépendants de la saison et des conditions de récolte).

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